I- Le patrimoine naturel
I.1 - Diversité des écosystèmes
A cause de sa position de zone de transition entre le désert au Nord et
la forêt humide au Sud, les écosystèmes sont nombreux et variés au
Sénégal. Cette variété des écosystèmes fait apparaître une grande
diversité biologique.
Quatre grands écosystèmes sont habituellement reconnus au Sénégal,
les écosystèmes arides et semi-arides, les écosystèmes subguinéens, les
écosystèmes fluviaux et lacustres et les écosystèmes marins.
I.1.1 - Les écosystèmes arides et semi-arides
Sont caractérisés par :
• au Nord, par une faible pluviométrie avec des fluctuations
climatiques inter annuelles dont les écarts par rapport à la normale ont
atteint au cours des 50 dernières années 35 à 40 %, une flore
constituée d'épineux (Acacia, Balanites, Ziziphus, Calotropis) et
de graminées (Aristida, Cenchrus, etc.) et une faune constituée
essentiellement d'un cheptel important qui donne à la zone sa vocation
pastorale;
• au Sud, la pluviométrie plus régulière, atteint 600 mm et la
végétation y est dominée par Commiphora africana, Cordyla pinnata et
Sclerocarya birrea, Daniellia oliveri, Khaya senegalensis et Terminalia
macroptera.
Cette partie de l'écosystème constitue l'habitat naturel de la faune
sénégalaise et notamment les grands mammifères qui sont maintenant
réfugiés dans le Parc National du Niokolo-Koba, chassés et traqués
ailleurs.

I.1.2 - L'écosystème subguinéen
Qui reçoit en moyenne 1000 mm de pluies est couvert par une flore
constituée d'un groupe d'espèces à affinité guinéenne comprenant Elaeis
guineensis, Pterocarpus erinaceus, Terminalia macroptera, Bombax
costatum, Borassus aethiopium, Parkia biglobosa et Erythrophleum
guineense. Il comporte les sites les plus remarquables aussi bien
pour leur beauté que pour leur richesse au plan de la biodiversité.
C'est ici que sont présentes les plus importantes populations de grands
mammifères du Sénégal (élan géant et bai).
C'est aussi le domaine des primates arboricoles, de reptiles rares,
de rongeurs et de rapaces.
I.1.3 - Les écosystèmes fluviaux et lacustres
Sont constitués par les bassins des cinq systèmes fluviaux que sont les
fleuves Sénégal, Gambie, Casamance, Kayanga, Saloum.
Le fleuve Sénégal représente la plus importante source d'eau de
surface. Bien que par la langue salée en saison sèche, il contenait une
grande diversité biologique qui est perturbée par la mise en œuvre du
barrage anti-sel de Diama. La permanence de l'eau douce due au barrage a
entraîné une modification de la flore avec une prolifération
d'hydrophytes comme
Pistia stratioides, Typha australis, Nymphea
lotus, Potomogeton pectinatus et Potamogeton scheweinfurthii. Le
parc national des oiseaux du Djoudj (site Ramsar) est situé dans cet
écosystème.
I.1.4 - Les écosystèmes marin et côtier
Sont localisés dans les zones deltaïques et estuariennes du Sénégal, du
Saloum et de la Casamance et sont caractérisés par des mangroves
associées à des mosaïques d'îles sablonneuses et de lagunes. Les
peuplements végétaux des vasières à mangroves sont constitués sur le
littoral par des espèces caractéristiques et notamment
Rhizophora
racemosa, R. harisonnii, R. mangle, Avicennia africana,Laguncularia
racemosa et
Conocarpus erectus.
Ces mêmes écosystèmes renferment une faune riche et variée
constituée d'espèces permanentes et saisonnières. Ce sont des zones de
nourriceries d'une grande importance économique avec une faune à
dominante de poissons, crabes, crevettes, oiseaux, huîtres et
mollusques.
Dans le domaine marin, l'écosystème le plus important est constitué par
l'ensemble du plateau continental sénégambien.
Enfin, les “Niayes” constituent une zone littorale étroite parsemée
d'un chapelet de dépressions cernées par les dunes vives et où affleure
de l'eau douce des nappes phréatiques sous-jacentes.
On note dans cet écosystème une flore comprenant des espèces
originaires des domaines soudanien (12%) et subguinéen (10%).
La faune en régression forte est moins riche mais comporte des
petits mammifères, des reptiles, une avifaune relativement importante.
Cet écosystème est menacé de disparition du fait des prélèvements trop
importants sur les nappes phréatiques avec pour conséquence l'intrusion
de biseaux salés mais aussi à cause de la spéculation foncière dans cette
zone.
Tous ces écosystèmes sont en constante évolution (plutôt régressive)
et qui n'est souvent pas favorable à la conservation de la
biodiversité. Mais la décentralisation qui responsabilise les
populations à la base devrait corriger cette tendance.
I.2 - La diversité biologique
Grâce à la diversité des écosystèmes, les ressources biologiques
connaissent aussi une grande variété aussi bien au niveau de la flore
comme de la faune.
I.2.1 - La flore
(Plantes à fleur) est constituée par 2500 espèces environ réparties en
trois grandes zones floristiques: une zone nord avec 800 espèces, une
zone centre avec 1000 espèces et la zone sud avec environ 1700 espèces.
Les principales familles sont les graminées (93 genres et 285 espèces),
les Papilionacées (50 genres et 284 espèces) et les cypéracées (19 et
188 espèces). La richesse floristique est essentiellement constituée
d'herbacées annuelles et dont le maintien dépend pour beaucoup de la
pluviométrie, de l'occupation des sols et des activités humaines
notamment l'élevage et l'agriculture. Ainsi, la conservation de la
biodiversité dépend beaucoup du climat et des activités humaines. Trente
et une espèces ont été signalées comme endémiques avec une prédominance
d'herbacées et l'absence d'essences forestières typiques. Pour cette
raison, certains auteurs pensent que le Sénégal et le Mali seraient un
centre d'endémisme pour les herbacées Ouest africaines.

Plusieurs espèces sont menacées par des perturbations qui affectent
leur biotope ainsi que par les activités humaines (surexploitation).
Cependant, plusieurs groupes végétaux représentés au Sénégal sont
encore très mal connus (embranchements des bactéries des cyanophycées,
des algues, des champignons, des lichens et des bryophytes).
La biodiversité forestière est mieux conservée (Parcs nationaux,
réserves et forêts classées) que la biodiversité agricole pour laquelle
les installations techniques (germplasmes) font défaut ou sont mal
entretenues, faute de moyens.
I.2.2 - La faune
Elle n'est pas moins importante que la flore. Les insectes avec environ
2000 espèces pour la seule classe constituent de loin le groupe le plus
important. Cette classe est suivie par les mollusques qui avec les
poissons réunissent plus de 1000 espèces et illustrent l'importance de
la biodiversité marine encore mal connue par ailleurs.
Les oiseaux constituent aussi un groupe important et justifient par leur
importance et leur diversité les sites spéciaux qui leur sont réservés
(Djoudj, notamment).
Les espèces animales endémiques ne se rencontrent au Sénégal que
dans la classe des poissons. Il s'agit d'espèces appartenant aux genres
Protopterus
sp, Heterotis, Mormyrus et
Gymnarchus. Il a été constaté la
disparition d'au moins quatre grands mammifères (girafe, damalisque,
algazelle, gazelle ndama). Toutefois, une réintroduction de ces espèces
est constatée au Sénégal au cours de ces dernières années. Plusieurs
espèces de primates, d'antilopes, de pachydermes et de canidées sont
menacées à des degrés divers.
La faune sauvage est maintenant essentiellement localisée dans les parcs
nationaux et est constituée par des grands mammifères. Dans le seul
parc national du Niokolo-Koba on trouve 80 espèces de mammifères, 330
d'oiseaux, 36 de reptiles, 20 d'amphibiens, 60 de poissons ainsi que de
nombreux invertébrés.
Il est donc important de veiller à une gestion durable des
ressources du parc national du Niokolo-Koba à cause de son caractère de
réservoir de la biodiversité puisqu'il recèle aussi environ 1700 des
2500 espèces de plantes supérieures.
I.3 - Causes de pertes de la biodiversité
Elles sont nombreuses et sont naturelles, anthropiques ou juridiques et
institutionnel.
I.3.1 - Les causes naturelles
Elles sont liées à des facteurs climatiques. La sécheresse avec ses
corollaires entraîne une réduction de la biodiversité par une
dégradation générale des conditions du milieu. L'érosion éolienne et
hydrique réduit la biodiversité par une dégradation de la qualité des
sols.
I.3.2 - Les causes anthropiques
Elles sont nombreuses et variées. Certaines espèces végétales sont
menacées de disparition soit parce que leur biotope est perturbé, soit
parce qu'elles sont surexploitées. Les raisons de la surexploitation
sont multiples. L'exploitation abusive du bois de certaines espèces, de
leurs fruits, ou souvent des deux à la fois, peut expliquer leur menace.
D'autres sont victimes de l'utilisation de leur sève (gomme) ou de
l'élagage des branches pour le pâturage. Certaines plantes peuvent même
être entièrement endommagées du fait de l'utilisation excessive de leurs
écorces et de leurs racines. L'inconvénient de ces prélèvements est
qu'ils dépassent largement le rythme et les capacités de régénération de
ces espèces.
La biodiversité halieutique est aussi affectée par les actions
anthropiques. Elle est victime d'une surexploitation ou d'une mauvaise
exploitation de ces ressources entraînant ainsi la disparition
temporaire ou définitive de certaines espèces. De même la pollution
affecte la mer, les zones humides et les sols.
I.3.3 - Les causes juridiques
La réduction de la biodiversité est aussi due à une réglementation
inexistante, non appliquée ou souvent mal appliquée. Il y a alors
surexploitation de certaines espèces ou disparition de certains
habitats.
I.4 - Conservation des ressources naturelles
Le Sénégal s'est depuis longtemps investi dans la conservation de sa
biodiversité. C'est en ce sens qu'il a créé un important réseau d'aires
protégées : 6 parcs nationaux, 6 réserves d'avifaune, 3 réserves de la
Biosphère, 3 sites du patrimoine Mondial, 93 forêts classées. A cela
s'ajoute la méthode de conservation non négligeable de certaines espèces
animales et végétales par les populations locales. Celle-ci se fait
dans le cadre traditionnel (interdits religieux ou tabous, lieux de
culte, cimetières, bois sacrés).
Les parcs nationaux, les réserves et les forêts classées sont
localisés dans le domaine forestier.
Les parcs nationaux sont composés du Parc National du Niokolo-Koba,
du Parc National du Delta du Saloum, du Parc National de la Basse-Casamance, du Parc National des Oiseaux du Djoudj, du Parc National de
la Langue de Barbarie, du Parc National des Iles de la Madeleine. Ces
parcs regroupent l'essentiel de la faune sauvage et de la flore
sénégalaises. Ils sont les sites de refuge et de nidification de
l'avifaune sédentaire et de celle migratrice du paléarctique occidental.
Les réserves sont constituées du sanctuaire Ornithologique de la
Pointe de Kalissaye, des réserves de Faune du Ferlo Nord et du Ferlo
Sud, de la Réserve Spéciale de faune de Gueumbeul, du bassin de la
Réserve Spéciale de Faune du Ndiaël, de la réserve spéciale de
Popinguine, de la réserve Cynégétique de Maka Diama, de la Réserve de la
Biosphère. Ces réserves sont floristiquement riches en biodiversité. La
faune contenant une variété de petits mammifères est surtout
caractérisée par la population ornithologique. Elles constituent avec
les parcs, des refuges paradisiaques de nourritures et de reproduction
pour les oiseaux.
Les forêts classées sont très nombreuses. Elles ont pour rôle de
servir de bois d'énergie, de conserver des sols, de préserver la
végétation et la biodiversité.
Les méthodes traditionnelles de conservation de la biodiversité par
la population locale se sont avérées très efficaces. Elles consistent en
l'interdiction d'abattage des arbres, interdiction du feu, interdiction
absolue de tuer les animaux, interdiction de récolte de fruits et
autres parties des plantes, interdiction alimentaire (sur la base de la
religion ou de la tradition), accès interdits pour les non initiés pour
les lieux de culte et les forêts sacrées. Ces méthodes ont permis la
préservation des ressources biologiques de la dégradation dans leur
milieu naturel.
De tout ce que dessus :
La position géographique du Sénégal, le fait qu'il soit une zone de
transition entre le désert et la forêt guinéenne lui a fait bénéficier
d'un potentiel biologique important et diversifié. Mais cette diversité
résultant des actions climatiques et surtout anthropiques fait qu'elle a
parfois tendance à se dégrader. Le souci de sa conservation a entraîné
la mise en place d'importantes aires protégées. Ces dernières ont permis
le maintien des habitats naturels avec leur flore et leur faune. La
faune sauvage est essentiellement localisée dans les parcs nationaux et
est constituée par des grands mammifères. Les oiseaux constituent aussi
un groupe important et justifient par leur importance et leur diversité
les sites spéciaux qui leur sont réservés (Djoudj, notamment). Il est
donc important de veiller à une gestion durable des ressources des aires
protégées qui constituent des réservoirs de la biodiversité. C'est dans
ce cadre que le développement de l'écotourisme est encouragé au
Sénégal. Il doit être compris comme étant la découverte et la lecture
des écosystèmes et des genres de vie des zones naturelles, par et avec
les communautés locales, dans un système où la protection de la
ressource est renforcée et où les retombées socio-économiques sont
assurées. Et, c'est dans cette dynamique que s'inscrit la mission du
voyagiste
ECOTOUR.